lundi 26 décembre 2011


"Cédric Andrieux"
Jérôme Bel
2011

Cédric Andrieux est seul, immobile ou en mouvement, face à nous.
Nous sommes spectateurs de l'intimité de cet homme qui décide de nous partager ce qu'il a aimé, ce qu'il a détesté, ce qui l'a construit.
Plongés dans un profond silence qui éveille une grande disponibilité d'écoute, ou une profonde gène.
Respectueux face à sa mise à nu et concentré sur ce qu'il a choisi de nous montrer. 

Par son travail avec Merce Cunningham il nous montre un corps rigide, tout en muscles, sans respiration, chaque mouvement poussé à sa limite, il va chercher le non-confortable.
Là où le geste, intenable devient gauche, maladroit, il commence à être intéressant!
 
Ensuite vient la fluidité et la souplesse des corps lorsque Cedric Andrieux part à Lyon travailler avec Mathilde Monnier, Jérôme Bel, Trisha Brown, ...
Il découvre une danse plus intuitive et à l'écoute des sensations... 

Son partage est délicat et humble. 

Ce qui m'a touché c'est que j'ai eu l'impression de le comprendre et d'être comprise.
Et le fait qu'il soit sur scène avec cette grande simplicité me rassure quant à ma manière d'appréhender la danse aujourd'hui. 

"je me suis senti humilié dans mon travail avec Merce car je n'arrivais pas à être parfait mais, je me suis trompé, il nous proposait seulement une expérience de mouvements sans jugements!" Cédric Andrieux.

vendredi 16 décembre 2011

Je parais si statique et pourtant mon corps danse. 

Derrière chaque pas se cache un saut, mes mains caressent l'épaisseur de l'air, chaque vertèbre ondule et vient se placer dans un alignement à peine perceptible.
Je suis pleine de vide et je joue à remplir l'espace... 

S'arrêter de danser, c'est accepté de mourir.
Mais mon désir de vivre est si puissant que je laisse la vie emmener mon corps dans une danse sans fin...

lundi 12 décembre 2011


 Husaïs
 Héla Fattoumi & Éric Lamoureux 
1988

Le couple comme espace de création...
On sort de la fusion des corps, chacun cherche à garder sa singularité tout en se laissant nourrir/contaminer par les gestes de l'autre pour enrichir sa propre danse...

jeudi 8 décembre 2011





VSPRS Show and Tell
Alain Platel
2007

Le danseur n'arrête pas de tester cette frontière si fine du basculement dans la folie.

Lorsque je lâche le contrôle sur mon corps, que j'accueille le feu qui m'anime et le laisse prendre de l'espace pour vivre pleinement, le mental s'éteint.
Naît alors un geste qui va se répéter, de plus en plus vite, de plus en plus grand, de plus en plus incarné.
Ce mouvement alimente mon corps, qui produit un mouvement, et ainsi de suite dans un cycle qui va prendre de l'ampleur jusqu'à une certaine limite.
Puis diminuera, pour s'éteindre et laisser la place à un autre geste....
Mon corps, ainsi dissocié du mental, danse ce dont il a besoin pour se guérir.
Je lâche-prise, me met en danger et laisse la porte ouverte à ce qui vient.
N'est-ce pas le choix d'accepter sa folie...

lundi 5 décembre 2011






Mats Ek
Smoke 1995
 
dansé par Sylvie Guillem et Niklas Ek
musique Arvo Part
(ma préférence va vers les parties 1/3 et 3/3)

La souplesse, la finesse et la fluidité des corps en mouvement dénote avec la rigidité et la sobriété du décor.
S'y ajoute l'utilisation par les danseurs de ces structures qui les entourent afin d'exacerber les contrastes.
La soie devient plus légère, vaporeuse, la fumée dense et éphémère...

Ici le montage vidéo est tout à fait intégré à la danse, il rajoute un rythme et nous rapproche de la matière. 

Je trouve cette œuvre poétique, humoristique et bouleversante d'humanité.




samedi 3 décembre 2011


"Toute sensation est une question, même si le silence seul y répond." 
Gilles Deleuze & Félix Guattari.

mardi 29 novembre 2011


Image tirée d'une séance D'anthropométrie de l'époque bleue de Yves Klein
1960

Montrer son corps et l'utiliser pour créer une toile est bien différent de l'emploi de la danse comme moyen d'expression.

Et pourtant ces deux actions sont des mises à nu.

La première est distanciée du moi, cet amas de chaires est un bel outil.
La seconde pose sa vulnérabilité face au regard de l'autre, et par cette porte elle offre toute sa nudité.

... 

lundi 28 novembre 2011




Jérôme Bel
2001
The show must go on

Quelles sont mes attentes?
Vais-je voir un spectacle de danse contemporaine pour être impressionnée par la performance des danseurs, ou suis-je ouverte à toute propositions?

Jérôme Bel perturbe les codes et montre sur de la musique pop (donc connue du grand public) une troupe se dandinant comme vous et moi pouvons le faire!
Il place alors le spectateur sur le même pied d'égalité, et de ce fait, questionne sur la valeur de l'œuvre.
Parce qu'il y a aussi beaucoup d'espace et de silence, que rien n'est imposé, nous avons le temps de tergiverser.
La banalité d'une action peut donc engendrer une multitude d'émotions, de sensations et d'interprétations qui vont faire vivre le spectacle bien au-delà de la scène.
Et c'est, je trouve, en prenant du recul sur nos comportements et en observant ce dialogue qu'on voit toute la richesse de ce qu'il nous propose.

vendredi 25 novembre 2011


Babette Manglotte
Épreuve gélatino-argentique tirage de 2003
Accumulation Pieces de Trisha Brown 1973 

Doux mélange de l'étrange à l'ordinaire.
La danse sort du théâtre et vient s'exprimer dans la nature.
Elle permet alors d'abolir la frontière entre les performeurs et les spectateurs, tous deviennent participants !
Je ne sais pas si ces trois personnages debout font partie des interprètes mais, de par leur décalage ils renforcent l'action.
Il y a dans la performance à l'extérieur une augmentation des stimuli (visuels, tactiles, olfactifs, auditifs,...)qui vont permettre d'élargir le champ chorégraphique. Ces mouvements qui naissent sont directement liés à une sensation ou à une émotion, ainsi ils sont conscientisés.
Ce qui importe alors, c'est ce que le danseur ressent dans sa danse.

jeudi 24 novembre 2011



 
dessins de Bourdelle "Isadora" en 1909

Ce que j'aime dans ces dessins ce sont ses dualités. 
Son corps exprime une grande ouverture et liberté de mouvements mais sa tête paraît ailleurs, comme enfermée dans le mental. S'en dégage une multitude d'émotions, quelles soient de tristesse, de colère, de résignation ou d'acceptation...
Ces dessins furent pour moi un miroir montrant toute l'ambiguïté qu'on peut avoir dans nos comportements.

mercredi 23 novembre 2011

Olafur Eliasson
extrait de Movement microscope 
2011
Produced by Studio Olafur Eliasson

Le cadre est très structuré, net, les lignes sont pures, mais c'est très chargé, l'oeil peut facilement être attiré par un détail de la pièce, et pourtant...
Les danseurs sont tout de suite vus, leurs mouvements sont fluides, lents, précis.
J'aime l'idée que la vie est une danse au quotidien, que chacun de nos mouvement peuvent être dansés s'ils sont fais en conscience.
Je trouve que danser dans un lieu "extérieur", avec un public participant donne beaucoup d'épaisseur à l'action.
Nombre de chorégraphes ont utilisés les tâches ou gestes du quotidien pour les porter à la scène, quelle ouverture du vocabulaire!
Simple, humble, frais, efficace.
Merci.



mardi 22 novembre 2011

Dans le cadre de l'exposition DANSER SA VIE au Centre Pompidou du 23 Novembre au 2 avril 2012.
Je me propose de commenter chaque jour une œuvre, une vidéo, un artiste...

lundi 21 novembre 2011

"Peler, muer, se défaire de ses possessions, voilà des préparations pour une nouvelle vie ", écrit Meg Stuart alors qu’elle répète encore VIOLET, sa nouvelle création.
VIOLET est une énigme, une pièce sans trame narrative, dont le titre évoque une fleur, une couleur, un prénom.
Les cinq danseurs ne quittent jamais la scène et sont immergés dans un paysage mental pour faire un voyage intense, physique et sans issue, comparable à un « trip » sous drogue, une hallucination.Pas de mots, seulement un travail subtil de la voix couverte par le son de la batterie et une musique électronique jouée live, des vibrations traversent les corps comme dans un concert de rock. (extrait du festival d'Automne à Paris 2011)


Moi, je l'ai vécu comme l'émergence de la folie chez 5 individus, tellement seuls, isolés.
La musique s'épaissit au fur et à mesure de leurs mouvements répétitifs et saccadés, elle monte en puissance pour ne faire qu'un cri.
Oppressée par leur folie, faisant miroir à la mienne. Jusqu'où peuvent-ils aller? Jusqu'où puis-je accepter?
J'ai envie de crier STOP, là c'est ma limite!
Arrêt, enfin le calme après la tempête....qui arrive avec un poid si lourd qu'il me fais encore changer d'avis... ça non plus je ne le supporte pas!
Petit à petit les corps se croisent, communiquent, des liens se tissent...je m'apaise, nous ne sommes plus seuls.
Je sort avec la sensation d'un combat entre la fusion avec la folie de l'autre et la peur panique m'amenant à fuir.

Merci.

Mortal Engine

Chunky Move 

Lorsque la vidéo fusionne avec la danse, l'espace grandit.


Ce qui importe c'est ce que le danseur ressent quand il danse.
Comme il est capable de mettre son expérience (pendant la création & l'exécution) au profit de son développement personnel, artistique et collectif.
Anna Halprin.

Fase 

1982

Anne Teresa De Keersmaeker & Michele Anne de Mey 

Naissance

N'y a t'il pas automantiquement un processus de changement qui se met en place une fois qu'on accepte d'aller au bout de la répétition?

Ce changement est mouvement.


One Flat Thing Reproduced
2000
William Forsythe & Thierry de Mey

Pureté des lignes  parmi les courbes
Gestes justes, précis, clairs
Belle écoute dans la relation à 2
Omniprésence de l'Un en tant que groupe....










Le mouvement a la capacité de nous rapprocher de notre nature profonde.


Quand elle vient de l'intérieur, et qu'elle est habitée du désir de créer un changement personnel, la danse a le pouvoir de guérir le corps, la psyché, et l'âme...

samedi 1 octobre 2011